Recruter englobe différentes étapes bien spécifiques : sourcer, rencontrer, évaluer, sélectionner… Quand on parle de sourcing dans le recrutement c’est pour moi l’art d’écrire et de parler juste.
C’est le cas depuis toujours. Les réseaux sociaux n’ont fait qu’amplifier le phénomène.
Si j’observe ce qui a changé dans mon métier (Le recrutement par Approche directe) depuis 15 ans, c’est que nous étions un petit nombre de chasseurs de têtes à savoir parler à des candidats peu visibles et peu accessibles. C’était quasiment notre prérogative, notre spécialité, notre « terrain de jeu réservé ». C’était la raison pour laquelle nos clients nous mandataient. Cela tenait précisément au fait que peu de monde savait accéder comme nous aux candidats et à les approcher.
Aujourd’hui les réseaux sociaux et le web rendent tous les candidats – ou presque – accessibles et la parole peut être prise par tous du côté des recruteurs (cabinets ou entreprises).
Il en résulte un « immense bruit » (j’ose le dire) fait dans tous les sens, à tous les niveaux, par tous, selon leurs besoins. Les annonces de postes fusent sur les réseaux sociaux de la part de RRH, de managers opérationnels, de collaborateurs d’entreprises qui s’improvisent pour ça. Il en va de même des sollicitations d’entrées en contact de profil à profil. Cela rend le marché de plus en plus transparent mais de plus en plus dilué et confus à qui ne saurait faire la part des choses. Puisque tout le monde peut parler à tout le monde,
la différence va se faire dans la qualité de votre parole et préalablement dans la qualité de vos écrits.
Brefs les mots justes font la différence. Est-ce une surprise pour vous? Aussi les 30 secondes et les trois phrases percutantes qui font la différence et caractérisent la qualité de l’approche d’un chasseur de têtes restent une vérité pour une entrée en contact réussie. Et elle s’est étendue à l’écriture car il est de plus en plus fréquent qu’un premier contact se fasse par un Inmail dans Linkedin (ou l’équivalent dans Viadeo ou autres réseaux).
Pourtant parler et s’exprimer ne veut pas dire être entendu ou lu…
En témoignent certains candidats si sollicités (les développeurs Web pour ne parler que d’eux) qui s’estiment spammés par les recruteurs. Waouh, le terme choque quand on y pense. Mais comment appeler autrement des dizaines de messages reçus par semaines pour leur signaler que leur profil est « pertinent » et que les recruteurs souhaitent recevoir leur CV pour une opportunité extraordinaire, unique, qui pourrait les intéresser… Désolée pour l’ironie mais le recruteur n’engage que lui en avançant de telles affirmations. Aussi ces personnes répondent rarement à ces messages outrageusement vendeurs, sans accroche différenciante, ni promesse. Cet exemple court sur les réseaux. Je ne l’ai pas vérifié ne recrutant pas de développeur, mais cela me semble assez proche de la réalité pour bien d’autres profils que je rencontre.
Le titre de vos emails (InMails), leur contenu, vos premiers mots au téléphone deviennent de vraies accroches Marketing qui doivent attirer l’attention.
Autant dire que prétendre avoir une « Opportunité unique », pour « Un leader sur son marché » est voué à l’échec car tellement « déjà vu ». Comme me le rabâchait un manager commercial que j’ai eu la chance d’avoir en début de carrière « Isabelle, n’oublie jamais que tu n’as qu’une seule chance de faire une 1ère impression ». Nous y sommes. Cela reste d’actualité des années plus tard dans un autre contexte. Aujourd’hui « Sourcer » est une étape préalable à tout recrutement de profils rares et pénuriques. Elle reste très exigeante et demande un travail de préparation qui tient du travail Marketing : il faut un pitch efficace qui se différencie des autres. On doit connaître sa cible, ses envies, ses peurs, ses frustrations pour la mettre en relation avec son offre. Voilà aujourd’hui ma vision du sourcing de profil rares et pénuriques.
Finalement le métier de chasseuse de têtes a peu changé même si les outils ont radicalement évolué : Il faut entrer en contact avec des candidats « rares », capter leur attention en 30 secondes et créer un début de relation de confiance à distance.
Ce qui change à l’ère des réseaux sociaux est qu’ils soint sur-sollicités pour la plupart, pressés car souvent pressurisés dans leur job actuel. En tant que recruteuse, j’estime que bien écrire et bien parler à mes interlocuteurs est leur témoigner du respect. Ils y sont sensibles. J’entends dire que ce n’est pas si courant… Il me faut avoir préalablement bien « travaillé mon sujet » pour comprendre ce qui pourra les intéresser dans le poste.
Je mise sur le fait que les candidat.e.s sachent faire la différence en 30 secondes entre cette approche du recrutement respectueuse et d’autres faites avec moins de discernement.
Haut les cœurs!